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José DE SOUZA SARAMAGO

prix Nobel 1998



José de Souza Saramago naît en 1922, dans le petit village d’Azinahgo à environ cent kilomètres au nord de Lisbonne, dans une famille de fermiers sans terre. Le sobriquet Saramago, ajouté à l’initiative de l’employé d’état civil, est le nom d’une herbe sauvage souvent employée dans l’alimentation des pauvres.


José Saramago évoque souvent la mémoire de ses grands-parents, ouvriers agricoles, et de son arrière grand-père d’origine berbère.


« Mes grands-parents s'appelaient Jerónimo Melrinho et Josefa Caixinha. Ils étaient analphabètes l'un et l'autre. L'hiver, quand le froid de la nuit était si intense que l'eau gelait dans les jarres, ils allaient chercher les cochonnets les plus faibles et les mettaient dans leur lit. Sous les couvertures grossières, la chaleur des humains protégeait les animaux du gel et les enlevait à une mort assurée. Ils étaient de bonnes personnes mais leur action n'était pas dictée par la compassion : sans sentimentalisme ni rhétorique, ils agissaient ainsi pour protéger leur gagne-pain avec le comportement naturel de celui qui, pour survivre, n'a pas appris à penser plus loin que l'indispensable. Souvent j'ai aidé mon grand-père dans son travail de berger, mais je retournais aussi la terre, je sciais du bois pour la cheminée, je tournais la roue qui amenait l'eau du puits communautaire. Eau que bien des fois j'ai transportée sur mon dos en cachette des hommes qui gardaient les terres cultivées. Avec ma grand-mère, au crépuscule, je me souviens d'être allé glaner la paille qui servait ensuite de litière au troupeau. » (extrait du discours de José Saramago devant l'Académie Royale de Suède à l'occasion de son Prix Nobel, 7 décembre 1998 – traduit par Gérard Nosjean).


Quand il a deux ans la famille va vivre à Lisbonne, où son père est policier. Quelques mois après leur arrivée son frère aîné décède.


Malgré ses résultats excellents au lycée, pour des raisons financières il doit abandonner ses études et suivre une formation de mécanicien. Au terme de son apprentissage, il gagne donc sa vie comme mécanicien garagiste pendant deux ans. C’est à cette époque qu’il commence à développer un intérêt profond pour la littérature, grâce aux visites fréquentes à la bibliothèque municipale, le soir après la journée de travail.


Entre 1944 et 1949 il travaille comme fonctionnaire. En 1947, année de naissance de sa fille unique, il publie son premier roman, La Veuve. Il écrit un autre roman, encore inédit, et met alors ses ambitions littéraires de côté, de son propre aveu, parce qu’il “n’avait rien à dire.”


En 1949, pour des raisons politiques il se retrouve au chômage, mais grâce à l’appui d’un ancien professeur du collège technique, il est employé par une entreprise de métal.


A la fin des années 50, il commence à travailler dans une maison d’édition, Estudios Cor, comme chargé de la fabrication. Cet emploi lui permet de rencontrer d’importants écrivains portugais. Pendant son temps libre, il traduit des auteurs tels que : Colette, Jean Cassou, Tolstoï, Baudelaire, Maupassant, André Bonnard, Etienne Balibar, Hegel et Pär Lagerkvist.


En 1966 il réapparaît sur la scène littéraire avec un livre de poèmes Poèmes possibles, suivi en 1970 d’un deuxième recueil, Probably joy. En 1971 il devient l’un des dirigeants du journal du soir Diariode Lisboa, où il travaille jusqu’à 1973.


José Saramago étant membre du parti communiste depuis 1969 (ce qui à l’époque est illégal), sa vie est engagée activement, comme son oeuvre, vers la politique. Partie prenante lors de la révolution des oeillets en 1974, il en perd son emploi en novembre 1974, après la défaite communiste.


Il décide alors de se consacrer à la littérature. Les années 80 verront son ascension en tant que grand romancier. Le Dieu Manchot, écrit en 1976 et traduit en français en 1987, lui offre une réussite littéraire de grande échelle. Plusieurs romans suivent alors : L’année de la mort de Ricardo Reis, Le Radeau de Pierre et L’histoire du siège de Lisbonne.


Ces romans relatent souvent des situations fantastiques de grande dimension imaginaire.


José Saramago examine d’un ton satirique mais humain les tendances mythologistes et totalisantes de certains discours diffusant une soi-disant réalité par l’intermédiaire des médias, des hommes politiques, d’institutions en charge d’éduquer le peuple. Un seul événement peut être écrit et réécrit maintes fois, s’ouvrant à des interprétations plurielles. José Saramago repousse effectivement l’idée de la version officielle, d’une réalité catégorique. Il est de plus conscient des dangers que la manipulation de la réalité pourrait entraîner vis-à-vis des droits des hommes et de la liberté.


En 1992 le gouvernement portugais proteste contre son roman L’Evangile Selon Jésus Christ, et met son veto contre la présentation de ce roman pour le Prix Européen de la Littérature, arguant que ce texte offense les catholiques. José Saramago et sa femme quittent alors le Portugal pour vivre à Lanzarote dans les îles Canaries.


Son oeuvre se compose de plus d’une trentaine de textes, parmi lesquels des poèmes, essais et romans.


En 1998 il reçoit le Prix Nobel de Littérature.